VALLEE d'AOSTE.
LS est allé dans la vallée
d'Aoste à plusieurs reprises; dans les années 1950, une
incursion dans le massif des "Alpes Grées" était encore une
aventure, car les tunnels du Grand Saint Bernard et du Mont
Blanc n'existaient pas; et seule les stations de Courmayeur
et de Breuil, rebaptisée Cervinia par le régime mussolinien
étaient développées, avec quelques remontées mécaniques.
Partout ailleurs, règnait une pauvreté identique à celle du
Valais qu'avait connue H. Brandt dans les années 20, et LS
dans sa toute jeunesse; une pauvreté difficile à imaginer:
des paysans vivant dans la même pièce que leurs vaches,
cuisant le pain une ou deux fois l'an dans les four commun
à tout le hameau; mais dotés d'une foi et d'une résignation
à toute épreuve et hospitaliers, heureux de voir et de
parler à des visiteurs francophones... Cette situation
avait été aggravée par les mesures d'italianisation
imposées par la dictature de Mussolini; en particulier
l'élimination du Français, considérée comme une brimade ou
pire par les Valdotains; évidemment qu'ils étaient
résistants, pendant la guerre. Pour eux, les étrangers,
c'était les Italiens, certainement pas les Savoyards ou les
Valaisans! Quant aux Allemands...! Cette région, cousine de
la Savoie et du Valais, avait toujours entretenu des
relations commerciales et pastorales historiques avec ses
voisines, et on trouve des noms de famille identiques de
part et d'autre des frontières. Se souvient-on encore que,
juste après la guerre 39-45, la vallée d'Aoste avait
demandé son rattachement à la Suisse? 3 sorties en
particulier, ont laissé des souvenirs photographiques.
Cabane Chanrion -
Valpelline - Ruitor (3486 m).
En Octobre, LS et un ami
allaient rejoindre un couple d'amis, J.-L. B. et son
épouse, en balade dans la vallée d'Aoste. Ils y étaient
allés dans la Peugeot 202 empruntée à un de leurs amis,
plus pratique pour aller d'un endroit à l'autre. J.- L. B.
était un bon connaisseur de la région, un découvreur qui en
deviendra un spécialiste. Ils n'étaient pas nombreux, dans
ces années-là, à fréquenter ces vallées très peu connues.
L'itinéraire détaillé de LS et de son camarade fut: à
Orsières en train - cabane de Chanrion - col de Crête-Sèche
- descente par la vallée de Valpelline - Valpelline - Oyace
- Aoste - Saint Pierre et son château - Fénis et son
château - Pré-Saint Didier - La Thuile - Le Ruitor (3486 m)
- La Thuile - col du Petit Saint Bernard et retour à
Lausanne avec la 202 (photos L. Saugy). A
Valpelline, village situé au confluent des vals d'Oyace et
d'Ollomont, ils avaient logé 2 nuits chez le curé; c'était
le successeur de l'abbé Henry, érudit, historien,
naturaliste, figure du val d'Aoste, décédé quelques années
auparavant. Subsistait encore à la cure sa bibliothèque:
immense privilège d'y pénétrer, de voir et feuilleter tous
ces documents, archives et manuscrits, uniques, rassemblés,
classés et partiellement exploités par l'abbé Henry. Furent
en particulier visités, les châteaux de St. Pierre et de
Fénis, et le site romain d'Aoste. Il faut rappeler que,
sous l'empire romain, Aoste communicait avec la ville
d'Octodure (Martigny), dans la vallée du Rhône. A cette
époque précédant le "Petit Âge Glaciaire", les Alpes
devaient être à peu près sèches, facilitant ainsi les
communications. LS n'est pas persuadé que le col du Grand
St. Bernard ait été le col principal utilisé; il pense que
le col de Crête Sèche et d'autres (col Collon et Théodule)
devaient aussi servir de passage. En effet, en descendant
le vallon de Crête Sèche, dès le col franchi et la
couverture morainique disparue, on trouvait une route
montant d'Oyace en direction du col.
Carte de la vallée d'Aoste (googlemaps) avec les sites
visités: CC, cabane Chanrion; CS, col de Crête-Sèche; R,
Ruitor; PSB, col du Petit St. Bernard.
Les autres sites sont soulignés.
Depuis le col de Crête-Sèche, le vallon éponyme, à gauche,
plonge sur le val d'Oyace; à droite, la vue va jusqu'à la
Grivola.
De l'autre côté du Mont Gelé, la Fenêtre de Durand permet
l'accès au val d'Ollomont.
Depuis le col de Crête-Sèche: à gauche, les monts du Clapey
et et de Rion. A droite: le Bec du Chardoney.
Oyace et son église.
Le théâtre romain d'Aoste.
Le château de Saint Pierre, à gauche, et celui de Fénis, à
droite.
Une tour du château de Fénis.
Les Grandes Jorasse depuis Pré St.Didier, à gauche. Le
village de la Thuile, à droite.
LS et ses amis campaient à la
Thuile, à l'époque tout petit bourg, maintenant station de
ski, base de départ trop basse (1441 m) pour un sommet de
3500 m (environ 2100 m de dénivelée); suite à une mauvaise
lecture du guide et de la carte, la journée s'avéra bien
plus longue que prévue, surtout en Octobre avec des jours
déjà bien diminués. Départ à l'aube et retour de nuit. En
fait, ils réalisaient que c'était plutôt une course de
neige, à faire à skis, au printemps. Actuellement, des
hélicos y déposent les skieurs. Mais aucun regret, le temps
avait été superbe, permettant depuis le sommet du Ruitor
une vue sur 360°, avec des perspectives inhabituelles pour
des alpinistes habitués aux alpes valaisannes.
En montant au Ruitor, la Grande Assaly, à gauche, et la
cabane Margherita avec le glacier et le sommet du Ruitor, à
droite.
La cabane Margherita avait été détruite pendant la guerre.
Depuis le glacier du Ruitor, la vue s'étend au Nord sur le
Mont Blanc et l'ensemble de son massif (montage
panoramique).
En montant à la tête du Ruitor, la vue s'étendait au
Nord-Est jusqu'à la Dent d'Hérens, au Cervin et au Mont
Rose.
Depuis le sommet, au Sud-Est, la Grivola et le Grand
Paradis.
Depuis le sommet, au Sud et au Sud-Ouest, la Grande
Sassière, la Grande Motte et la Grande Casse.
A gauche, en descendant du Ruitor, nuit tombante,
l'Aiguille du Géant et les Grandes Jorasses. A droite,
depuis le col du Petit Saint Bernard, sur la route du
retour, le Mont Pourri.
Mont Rose - col de Schwarztor (3741 m) - Refuge Mezzalama
(3004 m) - Pollux (4091 m) - Breithorn (4164 m) - col du
Théodule (3316 m) - Cervinia-Breuil - Entrèves - col Ferret
(Mai-Juin 1955).
Venant du massif du Mont Rose, où ils avaient fait la
Pointe Dufour et le Castor les jours précédents, LS et ses
amis (voir page Mont Rose) franchissait le col de
Schwarztor et descendaient passer la nuit au refuge
Mezzalama, perché en haut du val d'Ayas, versant Aoste du
massif du Mont Rose. Le lendemain, ils remontaient en
direction du Schwarztor, puis de la taupinière blanche du
Pollux, où ils gagnaient le sommet en brassant la neige;
ils se dirigeaient alors vers le Breithorn, quils
atteignaient en milieu d'après-midi, pour descendre sur
Testa Grigia et Breuil-Cervinia. Après avoir passé la nuit
dans un petit hôtel où était encore conservée la tente de
Whymper, au fond d'un placard (voir page Zermatt d'Hélène
Brandt), ils prenaient le bus pour Courmayeur puis
Entrèves. Mais le mauvais temps les contraignait à
abandonner le projet de monter au col du Géant et les
obligeait à rentrer en Suisse par le val Ferret italien, le
Grand col Ferret et le val Ferret suisse. C'était partie
remise à 1956.
Carte de la vallée d'Aoste (mapplus.ch) montrant
les sites visités: ST, col de Schwarztor; MZ, refuge
Mezzalama; P, Pollux; Breithorn, Testa Grigia,
Breuil-Cervinia et Entrèves sont soulignés.
Au col de Schwarztor, le Pollux, à gauche et la vue sur
l’Italie (Alpes Grées), à droite.
Sous le col de Schwarztor, le refuge de Mezzalama était
bien là bien là, comme indiqué sur la carte. Il était dans
un état innommable.
Le groupe y passait la nuit, avant de monter, le lendemain,
au Pollux et au Breithorn.
Au sommet du Pollux, la vue sur le Lyskam, à gauche et
montée au Breithorn, à droite.
A gauche, vue d’Entrèves avec le versant Brenva du
Mont Blanc.
A droite, la chapelle N. D. de la Guérison (photo P.
Tairraz; R. Frison-Roche & P Tairraz, Mont Blanc aux 7
Vallées, Arthaud éd. 1959). Sa visite était la seule
distraction en attendant une amélioration du temps...
A gauche, le début du val Ferret italien. A droite, le
refuge Helena avec le Dolent, au milieu à l’arrière
plan, moins impressionnant du côté italien que du côté
suisse
Champorcher - lac Miserin (2580 m) - Rosa dei
Bianchi (3164 m) - Cogne - Ref. Victor Emmanuel (2732 m) -
Grand Paradis (4061 m) - Entrèves - Col du Géant (3365 m),
Pâques 1956.
Ils étaient 6, 3 garçons et 3
filles, pour cette sortie de Pâques en vallée d'Aoste; trop
nombreux pour un pays à logistique précaire, hébergement et
transports improvisés, ravitaillement aléatoire, etc...; et
l'un d'entre eux avait emmené avec lui une anglaise à la
technique de ski alpin sommaire, dont la seule contribution
à l'organisation du groupe était de tendre son gobelet ou
sa gamelle aux heures de repas! Enfin, ça aurait pu se
terminer plus mal, juste un peu de tension... Ils partaient
de Suisse par un temps douteux et arrivaient à Champorcher
(1427 m) sous une pluie battante, comme on en trouve
parfois au Sud des Alpes. Train via Milan et bus (ou taxi
?) pour monter depuis le fond de la vallée d'Aoste jusqu'à
Champorcher (maintenant station de ski), la mémoire de LS a
des trous! Le plan de J.-L. B., organisateur et connaisseur
de la vallée d'Aoste, était de traverser sur Cogne, dans le
val du même nom, par la Fenêtre de Champorcher en
séjournant au lac de Miserin (2580 m) pour y faire un
sommet, sans doute la Tersiva; puis de poursuivre dans le
Valsavarenche pour y faire le Grand Paradis. Au lac
Miserin, ancien lac de moraine, existait une chapelle dont
le curé de Champorcher voulait bien prêter la clef de la
sacristie pour y loger. Cet itinéraire avait été
historiquement très fréquenté, et la chapelle de N.-D. des
Neiges était toujours le but d'un pélerinage, le 5 Août.
Arrivée à Champorcher sous la pluie, recherche d'un hôtel
pouvant loger 6 personnes, dont certaines n'étaient pas en
couple; visite chez le curé pour récupérer la clef, promise
par une simple lettre (comment J.-L. B. avait-il bien pu se
mettre en relation avec lui, et lui rendre la clef
ensuite?). Après 2 jours de pluie, le temps se levait enfin
et permettait d'économiser le budget en montant à Miserin:
neige très épaisse, instable sur toutes les pentes, danger
évident pour ne pas dire imminent, un peu d'angoisse... La
chapelle était en fait une immense église d'une hauteur de
2-3 étages, avec un petit clocher et la sacristie, une
annexe de 2 étages, avec un équipement sommaire; pas du
tout comme les humbles petites chapelles valaisannes telle
celle du Lac Noir. Y coucher, et y cuisiner, oui, on
pouvait!... Sur un potager à bois, qu'il faudrait
économiser, et sur le primus de LS... Quant à avoir
chaud... Ils réalisaient immédiatement qu'ils devraient
réduire leurs ambitions d'ascension à la baisse, en
commençant par laisser se tasser la neige 24 heures en
prenant leurs marques, avant d'oser se lancer sur la
moindre des pentes environnantes. Ils montèrent sur le
petit sommet dominant le lac, le Monte Rosa, rebaptisé
maintenant Rosa dei Bianchi (comme la Rosa Blanche /
Verbiers ), en prenant toujours garde sur quelle pente ils
passaient et traversaient ensuite sur Cogne (mines de fer)
où ils passaient la nuit; l'ancienne église saint Ours (le
patron du Val d'Aoste) avait un carillon et son
carillonneur, qui avait gentiment invité LS et une camarade
à un concert, dans le clocher, émouvant, à la brune...
Temps fort de cette semaine! Ils passaient ensuite dans le
Valsavarenche et en remontaient à pied une bonne partie
pour atteindre le refuge Victor-Emmanuel II; ce roi y avait
créé une réserve de chasse, à l'origine du parc national du
Grand Paradis, maintenant étendu jusqu'à celui de la
Vanoise. Des troupeaux de chamois et de bouquetins
pouvaient s'observer facilement en montant au refuge. Le
local d'hiver du refuge V-E II était aussi inconfortable
que la sacristie de la chapelle de Miserin... Temps douteux
et montée au Grand Paradis, mais abandon à 1/4 d'heure du
sommet. Cette semaine de Pâques se terminait pourtant
glorieusement: descente tôt le matin du Valsavarenche
jusqu'à Entrèves pour monter avec le téléphérique au col du
Géant, qui leur avait échappé en 1955; c'était Pâques, et
il n'y avait pas foule. Le temps s'était heureusement levé
et permettait une fin de semaine en apothéose, avec la
descente du glacier du Géant et de la Mer de Glace dans une
poudreuse et avec un soleil de rêve, et presque seuls (voir
page Mont Blanc F); ils avaient été certainement les seuls
skieurs dans la partie italienne des Alpes Grées pendant
cette semaine de Pâques (photos L. Saugy). Et une
fois de plus, LS était sur les traces de sa mère, Hélène
Brandt, qui était au col du géant à Pâques 1927 (voir la
page massif du Mont Blanc F chez Hélène Brandt).
Carte de la Vallée d'Aoste (googlemaps) montrant
les sites visités, soulignés ou abrégés: Mi, lac et
chapelle de Miserin; RB, Rosa dei Bianchi; D, Dégioz; C,
Créton;
VE, refuge Victor Emmanuel II; E, Entrêves; CG, col du
Géant.
Montée à Miserin.
La chapelle de Miserin dédiée à Notre-Dame des Neiges,
perdue dans un désert blanc...
A gauche,la chapelle et le Bianchi dei Rosa; à droite,en
route vers ce sommet, dans la grande solitude.
Montée au sommet du Bianchi dei Rosa, à gauche, avec vue
sur la Tersiva, à droite.
Montage panoramique sur la Grivola (à g.) et le Grand
Paradis (à d.), depuis le sommet du Bianchi dei Rosa
En remontant le Valsavarenche, un transport de moutons près
du village de Dégioz.
Plus haut, au village de Créton. Tous ces villages sont
très anciens; l'église de Dégioz date du 17ème
siècle.
Le refuge Victor-Emmanuel II (2732 m) et sa plaque. A
gauche, les 3 filles tiennent-elles une réunion de
contestation contre l'inconfort des lieux?
Un camarade de LS en train d'allumer le Primus (sur la
fenêtre, cela valait mieux...); pour cuisiner pour 6,
c'était juste!
Le moment de rappeler que le matériel de camping des
parents de LS, datant de 1940 (tente cousue maison et
Primus), a été utilisé jusqu'en 1960...
Cette semaine de Pâques 1956 en Vallée d'Aoste se terminait
au col du Géant, avec descente par le glacier du Géant et
la Mer de Glace (voir page Mont Blanc F).
Jeunes
années
Haut-Valais
Massif des
Mischabels
Zermatt (Mont Rose
/ Cervin)
Anniviers
Hérens
Ferret-Combin
Mont Blanc CH
Mont Blanc F
Hautes
Routes
Préalpes
Hautes Alpes
Calcaires
Vallée d'Aoste
Dauphiné
Tyrol italien
Pyrénées