1966-1967, ARABIE
SAOUDITE.
1966-1967, SAUDI
ARABIA.
En 1966-1967, l’auteur de
ce site, L.S., supervisait pour ELF une équipe sismique
terrestre travaillant en Arabie Saoudite sur la côte de la
mer Rouge, au Nord, puis au Sud et sur les îles Farsan. A
l’époque, l’Arabie Saoudite était encore plus
fermée et inconnue que maintenant. Aucune carte
topographique ou routière n’existait, et il avait
fallu commencer par établir un réseau géodésique de premier
ordre; au Nord de Jeddah, une route goudronnée de 300 km
s’arrêtait à Yanbu, port d'arrivée des pélerins, avec
celui de Jeddah; ensuite une piste s’étalant parfois
sur 10 km allait jusqu'à Akaba, à plus de 900 km; au Sud,
c’était une piste parfois abominable jusqu’à la
frontière du Yemen, à 800 km. Les îles Farsan, connues
jusqu'alors du seul Monfreid, étaient inaccessibles. Une
mission géologique nous avait précédés et fourni quelques
renseignements du genre : « le début de la piste
du Nord débute à Yanbu, à la sortie de la ville, au premier
virage à gauche ; ou bien, le dernier poste de
ravitaillement en essence se trouve à l’entrée de
Duba, si la réserve est vide, attendez le prochain
camion-citerne Mercédès. A la sortie de Muwaylih, ne ratez
pas l’ancienne forteresse ottomane, elle est encore
équipée de vieux canons, mais l’eau du puits est
mauvaise… A Jizan, au Sud, Elf loue une maison de
passage avec 2 lits, le gardien peut faire à manger; vas
voir l’instit jordanien, il aime bien parler
français, invite-le à manger; pour aller sur les Farsan,
demande à l’émir de prêter sa vedette, mais elle ne
va pas vite, tu ne feras pas l’aller-retour dans la
journée, etc… ». Seule la compagnie aérienne
libanaise Middleast assurait la liaison avec
l’Europe. A Beyrouth, les princesses saoudiennes,
retour de courses, embarquaient en minijupes, et
débarquaient à Jeddah comme des veuves entièrement voilées
de noir; dans l'autre sens, c'était le contraire. Il y
avait une liaison par Boeing 707 entre Jeddah et Ryiad,
mais pas de route; Un DC3 ou un bimoteur Convair 340
faisait le tour des oasis du Hedjaz depuis Jeddah, et un
DC6 ou un Convair 340 volaient sur Jizan. Jizan était la
base arrière de l'armée de l'imam du Yemen Al-Badr, luttant
contre une rébellion républicaine soutenue par l'Egypte
pour recouvrer son trône; il n'était pas rare de voler en
compagnie de mercenaires en armes. Les femmes avaient un
compartiment réservé à l'avant où avaient accès les rares
européens, préembarqués, curieuse preuve de confiance! Les
équipages étaient américains, anciens bombardiers ou
détachés de TWA, et les stewards syriens. Au ministère du
pétrole, à Ryiad, les secrétaires- hommes étaient assis sur
les bureaux et tapaient à la machine entre leurs pieds,
pendant qu’un gardien faisait le thé dans un coin sur
un réchaud Petromax! Il est vrai que le pétrole
n’avait été découvert qu’en 1938, sur la côte
Est, qui était un peu plus développée.
L’environnement médical était réduit à un hôpital
libanais; un médecin italien qui avait fait carrière dans
la péninsule arabique avait son cabinet dans le souk (une
salle d’attente par sexe, avec crachoir pour les
hommes!), il rentrait une fois l’an en Italie en
voiture, en toute sécurité, impensable maintenant. Il y
avait aussi une doctoresse allemande, ayant œuvré
dans les camps de concentration en Allemagne, seule femme
autorisée à conduire sa voiture ; c’est elle qui
recousait les fillettes déchirées lors de leur nuit de
noce… Aussi un dispensaire oü la même seringue
servait plusieurs fois de suite! Avec une température de
40°, les appartements étaient climatisés; au coucher du
soleil l’humidité vous laissait dégoulinant. Mais il
n’y avait pas de pannes d’électricité à Jeddah,
et ailleurs sur la côte, des groupes électrogènes, petits
et gros! A souligner la présence d'écoles un peu partout et
l'accès à l'eau potable gratuite dans les petites villes;
ce n'était pas rien. Coût de la vie, une paire de naïls
(tongues) en plastique made in Japan était à 2 rials, 1,75
en discutant âprement. Combien aujourd'hui?
Un peu d’histoire :
L’empire ottoman dura plus de 6
siècles, de 1300 à la guerre 1914-1918. A son apogée (voir
carte de l'empire Ottoman), au Sud de la Méditerranée il
dominait le Maghreb jusqu’au Maroc (souvenez-vous du
coup d’éventail du Bey d’Alger au consul de
France en 1830, qui déclencha l’invasion de
l’Algérie); au Nord, il s’arrêtait aux portes
de Vienne, capitale de l’empire Austro-Hongrois, dont
l’échec du dernier siège date de 1683 (origine, par
provocation, du croissant par les pâtissiers viennois!), et
tenait toute la mer Noire et les plaines d'irak; au Sud, il
contrôlait les 2 rives de la Mer Rouge, la rive Sud du
golfe arabo-persique. En 1900, on pouvait se rendre en
chemin de fer de n’importe quelle capitale
d’Europe à Damas, Amman, Bagdad ou Beyrouth, et
jusqu’à Médine (en 1914 seulement), en passant par
Istanbul, sans visa et avec des francs ou des livres or! A
l’intérieur de l’Arabie Saoudite,
l’empire Ottoman contrôlait théoriquement les tribus
de la région du Nadjd, capitale Deriah (Dir’iya) /
Riyad, noyau du futur royaume saoudien; une guerre
commencée en 1811, conséquence des prêches et de
l’influence politique d’Abd-al-Wahab (fondateur
du Wahabisme) se termina par la prise de Deriah en 1818 par
les troupes égyptiennes, mais n’empêcha pas le
royaume saoudien de se développer comme chacun le sait.
De la guerre 1914-1918 au Moyen-Orient (voir carte de
l'empire ottoman en 1914), le grand public ne retiendra que
l’épopée de T.E. Lawrence, dit Lawrence
d’Arabie, simplifiée et magnifiée par le film de
David Lean, avec Peter O’Toole et Omar Sharif, mis en
valeur par la musique de Maurice Jarre. Les anglais
soutenaient la rébellion des tribus du Nadjd et du Hedjaz
contre l'occupant ottoman. Cette épopée fut un échec pour
T.E. Lawrence, qui voulait unifier le monde arabe et en
faire une nation; on sait ce qu’il est advenu de ce
rêve…
Au 19ème siècle, ou avant, d’impressionantes
forteresses furent construites par l’administration
ottomane dans des endroits stratégiques, en particulier le
long de la Mer Rouge, à Akaba, Muwaylih, Qual’at al
Azlam, La Mecque, Jizan et Hodeida, au Yemen. Au cours de
son travail de superviseur-géophysicien, L.S. a eu
l’occasion de visiter certains de ces sites
historiques et de les photographier. Ce sont ces
photographies, numérisées à partir de diapos Ektachrome
6x6, prises avec un Roleiflex, qui sont montrées. Tout
d’abord les photos des sites historiques, ensuite
celles de Jeddah, celles de la côte Nord, puis celles du
Sud et des îles Farsan. Le visiteur pourra se repérer à
l’aide de cartes reproduites de l’atlas de la
« National Geographic Society », édition 1981; il
gardera à l’esprit que l’auteur n’était
pas payé pour faire des photos, que des sites lui ont donc
échappé faute de disponibilité; il lui a manqué 48 heures
pour aller jusqu’au site de Petra – inconnu
alors - depuis Akaba, et il regrette de n'avoir pas pu
visiter des stations du chemin de fer du Hedjaz (voir le
site nabataea.net pour ce sujet). Il n'avait
plus de film lors de sa visite à la cité moyen-âgeuse et
interdite de Najran, dans le Sud, en bordure du
Rub-el-Khali. C’était le début des films positifs
Ektachrome, et ceux-ci étaient chers et pas disponibles
sur place; les Saoudiens de Deriah n’aimaient pas
être photographiés, mais les Yéménites adoraient ça, et
tous étaient amicaux et souriants, et dans un climat de
parfaite honnêteté et en totale sécurité.
In 1966-1967, the author of this site
supervised for ELF oil company a land seismic crew working
along the Red Sea coast, North and South of Jeddah and on
the Farsan islands. At the time, Saudi Arabia was more
secluded and unknown than presently. There were no topo
maps or road maps, and our first task was to establish a
first order geodesic network. North of jeddah, a 300 km
tarred road reached Yanbu, a seaport for pilgrims with the
Jeddah one; farther North, a 900 km long track, 10 km wide
sometimes, went to Akaba, at the Jordanian frontier. To the
South, it was an 800 km track, sometimes really awefull
reaching the yemen border, after Jizan. The Farsan islands,
known only from H. de Monfreid, were inaccessible. A
geological reconnaissance party had preceded the seismic
crew and had provided infos such as:" At Yanbu, the track
to the North starts at the far end of the city, at the
first curve to the left. Or, the last gas refuelling
possibility is at the entrance of Duba; in case of
shortage, just wait for the Mercedes tanker. At Muwaylih,
don't miss the ancient ottoman fortress situated at the
exit of the city, but the water of the well is no good. At
Jizan, the company rents a hous which can accomodate 2
persons, the keeper can cook a meal; go visit the jordanian
teacher, he loves talking french, invite him to eat; to go
to the Farsan islands, borrow the emir's launch, which is
slow, you won't return in the day, etc..." The only airline
to Jeddah from Europe was the lebanese Middleast with
Boeing 707 jets. Shortskirted saudian young princesses
embarked in Beyrouth, back from shopping, and disembarked
in Jeddah as blackveiled widows... On the flights to
Beyrouth, it was the other way round! Saudia had a flight
between Jeddah and Ryiad with a 707, but there was no road.
A DC3 or a Convair 340 toured the oasis of the Hedjaz from
Jeddah, and there was also a flight to Jizan, in the South,
with a DC6 or a Convair 340. Jizan was the rear base of the
troops of Iman Badr fighting the republican revolution
supported by Egypt, it was quite common to see armed
mercenaries boarding the aircrafts; the women, totally
veiled in black, had their own compartment, in which, queer
enough, we were generally admitted and even pre-embarked.
The crews were american, former bomber pilots or exTWA, and
the stewards syrian. In the offices of the petroleum
ministry, in Ryiad, the male secretaries sat on their heels
on top of the desks, typing on their typing machines
between their feet, while the keeper / cleaner boiled the
tea on a petromax stove in a corner of the office! It is a
fact that petrol had been discovered in 1938 only on the
East coast, which was more developped. In Jeddah, the
medical environment was reduced to a lebanese hospital.
there was an italian doctor, who had his consulting room in
the souk; he had spent his whole career in the arabic
peninsula, and drove back to Italy every year, unthinkable
presently. The waiting room was double, one room for the
ladies and another for men, with spittoons. There was also
a german lady doctor, ex-concentration camps, she was the
only woman authorized to drive her car; she never went back
to Europe... She sewed up the girls after their wedding
night... There was also an out-patients center where he
same syringe was used more than once in a row! With a
temperature of 40° celsius, the flats were air-conditionned
of course, at sunset humidity left one soaking wet; but
there were no electricity breakdowns in Jeddah, elsewhere
on the coast, there were generators small or powerfull.
There were schools everywhere, and access towater was free,
which is real worthy, in such a country. Cost of living, a
pair of naïls (tongs) was at 2 rials, 1. 75 when discussing
hardly, kam flous today?
Some history:
The ottoman empire lasted more than 6 centuries, from 1300
until the 1914-1918 war. At its zenith (see the map of the
empire), south of mediterranean sea, it dominated the
Maghreb as far as Marocco, in the north, it stopped at the
door of Vienna, head of the austro-hungarian empire; last
time the ottomans failed to take over the city dates back
to 1683. The ottoman empire held all the Black sea and Irak
plains. To the south it controled the 2 sides of the Red
sea, and the southern coast of the arabo-persian gulf. In
1900, one could travel by railway from any european capital
to Damas, Bagdad, Amman or Beyrouth and Medina (in 1914
only) going through Istanbul, without any visa and with
gold francs or pounds. Inside, the ottoman empire controled
the beduin tribes of the Nadjd area with Deriah (Dir'iyia)
/ Ryiad as capital, heart of the future saudian kingdom; a
war, started en 1811, consequence of Abd-al Wahab (founder
of Wahabism) preaches and political influence, ended with
the take over and destruction of Deriah in 1818 by the
egyptian army; it didn't prevent the saudian kingdom to
develop as everyone knows.
From the 1914-1918 war in Middle-East (see map of the
ottoman empire in 1914), the public will retain only T.E.
Lawrence's, known as Lawrence of Arabia, epic, simplified
and magnified by David Lean's movie, with Peter O'Toole and
Omar Sharif, valorized by Maurice Jarre's music. The
British supported the rebellion of the Nadjd and Hedjaz
tribesagainst the ottoman occupant. This gallant epic was a
failure for T.E. Lawrence who meant to unify the arab world
and build a nation; one knows the end result of this
dream...
During the 19th century, and even before, impressive
fortresses were built by the ottoman administration in
strategic sites, particularly along the Red sea, at Akaba,
Muwaylih, Qual'at al Azlam, the Mecca, Jizan and Hodeida
(Yemen). During his work as supervisor-geophysicist, L.S.
had the opportunity to visit some of those historical sites
and photograph them. They are those photographs, scanned
from 6x6 Ektachrome diapositives with a Rolleiflex, which
are shown: first those of the historic sites, then those of
Jeddah, of the north coast, of the south coast and of the
Farsan islands. The visitor will be able to refer to the
maps reproduced from the atlas of the "National Geographic
Society", 1981 edition; he will keep in mind that the
author was not paid to take photographs, that he missed
some sites lack of disponibility; he missed the visit of
Petra, totally unknown at the time, lack of 48 hours when
in Akaba; he regrtets not to have been able to visit the
railway stations of the Hedjaz railway (see Nabataea.net
for this topic). He had no more films when he visited the
middle-aged like city of Najran, forbidden to foreigners,
in the South, at the border of Rub-el-Khali desert. It was
the beginning of the Ektachrome films, they were expensive
and not available in Saudi Arabia; the dwellers of Deriah
did not like to be pictured, but the Yemenits loved it; all
were friendly and smiling, in a climate of perfect honesty
and in total security.
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CARTES et
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HISTORIQUES
JEDDAH
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JIZAN et la CÔTE
SUD
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